Les nouvelles que l'on ne lira pas dans la presse de l'OTAN (17-19
septembre 2018).
- Le 18 septembre, Vanessa Beeley, une des rare journalistes à avoir le
courage de travailler en Syrie, a interviewé la mère et la famille d'un enfant enlevé
par les casques blancs, vraisemblablement pour servir dans une attaque chimique.
La famille a courageusement accepté de témoigner et de se faire prendre en
photo et même filmer:
"Pourquoi ne
demandent-ils pas d'argent? Cela veut dire qu'ils veulent utiliser les enfants
pour autre chose."
"Il y a 10 jours,
une femme est venue me voir. Elle venait d'arriver d'Idlib. Elle m'a montre une
photo d'Ahmed et a confirmé qu'il est encore vivant mais emprisonné avec
beaucoup d'autres enfants. Elle m'a dit que les casques blancs déplacent les
enfants d'endroit en endroit, suivant le lieu où l'attaque chimique doit avoir
lieu. Ils sont enfermés en permanence. J'ai tellement peur qu'ils soit malade
ou qu'il ait peur. Et il ne peut pas parler (Ahmed est muet de naissance). Je
suis sûre que je vais voir le visage d'Ahmed dans une de ces vidéos ou
reportage d'attaque chimique".
https://www.rt.com/op-ed/438645-children-kidnapped-idlib-syria/
- Le 18 septembre, Thierry Meyssan, journaliste français vivant à Damas,
rend compte ainsi de l'accord militaire Russo-Turc à Idlib, conclu le 17
septembre à Sotchi en Russie:
"Une ligne de démarcation
va être instaurée d’ici le 5 octobre entre la zone jihadiste et le reste de la
Syrie. Cette zone démilitarisée sera placée sous la responsabilité jointe de la
Russie et de la Turquie. Les troupes turques devraient reculer de quelques
kilomètres à l’intérieur de la zone actuelle, de manière à laisser les Syriens
libérer l’autoroute reliant Damas à Alep. La Russie éloigne donc la Turquie des
Occidentaux, évite de placer son allié syrien en danger et poursuit la libération
de son territoire sans avoir à livrer de combats".
http://www.voltairenet.org/article203022.html
Un coup de maitre, donc, puisqu'il rend une attaque
chimique très improbable, en tout cas très inefficace, et donc toutes les préparations
pour une attaque chimique depuis maintenant un mois (enlèvement de 44 enfants,
livraison de bidons de chlore, accueil d'équipes professionnelles de tournage) sont
maintenant obsolètes.
En effet, la Turquie est inattaquable par l'OTAN compte
tenu de la situation géopolitique. Mettre la Turquie en charge d'Idlib empêche
donc toute attaque chimique, mais en plus, cogérer la zone tampon avec la
Russie gêne les mouvements des spécialistes occidentaux et israéliens qui
encadrent les djihadistes, et rend plus proche, et plus inéluctable, une résolution
négocié de l'abcès djihadiste d'Idlib, qui ne mette pas en danger les civils.
Cette résolution sans violence est la pire solution pour l'OTAN, qui amasse des
forces au large de la côte syrienne dans l'espoir qu'elles serviront.
La réponse à l'accord de Sotchi ne s'est pas fait
attendre, elle a eu lieu dans la soirée du 17!
Un avion de reconnaissance russe IL-20, a été abattu par
la défense anti-aérienne syrienne. 4 chasseurs F-16 israéliens approchaient de
la côte syrienne depuis la méditerranée, juste derrière l'avion russe qui
entamait sa descente vers la base de Hmeimim pour y atterrir. Le timing était calculé
à la minute près, et l'avion russe n'est pas aussi manœuvrable qu'un chasseur,
et il n'avait aucun moyen de s'échapper de la ligne de tir que les 4 chasseurs israéliens
avaient soudainement mise en place. Une telle manœuvre est, juridiquement, un
acte de guerre.
https://www.rt.com/news/438686-syria-russia-s200-il20/
On ne sait pas (on ne saura peut-être pas) le rôle qu'a joué
le navire français "Auvergne", situé juste en dessous de l'attaque,
ni si le "IFF" (système de reconnaissance ami-ennemi) a joué un rôle
ou pas.
Mais il semble bien que, de même que l'OTAN ne peut pas
attaquer la Turquie, la Russie ne peut pas attaquer Israël.
Visiblement, l'équipage du IL-20 a été sacrifié en vengeance
du gazage empêché des enfants d'Idlib, et Ahmed et ses frères et sœurs vont peut-être
être libérés.
La Russie n'a pas grand-chose à se reprocher, et la France,
clairement, ne joue pas le beau rôle.
On ne lira pas cela en France. Même la presse israélienne
(Haaretz par exemple) est plus franche.
Laurent Fournier, Kolkata, 19 septembre 2018
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