Il y a beaucoup de malentendus sur la question du racisme parcequ'il y en a deux formes, fondamentalement différentes dans leurs motivations : Le racisme qui juge les gens en fonction de leur passé familial, leurs "gènes", tout ce qu'on attribuait autrefois à la "race", et le racisme qui juge les gens en fonction de leur avenir, ce que les politiciens appellent parfois "la communauté de destin", ou ce dont on parle lorsqu'on dit que certains groupes de personnes, ou institutions, "ont vocation" à faire certaines choses plutôt que d'autres.
Appeler "racisme" la deuxième forme est une analogie, car ça n'a pas grand-chose à faire avec la race, la génétique ou le passé, mais est directement lié à la géographie. C'est un jugement de la personne qui n'est pas motivé par son héritage, ni génétique ni culturel, mais par l'endroit où elle vit.
C'est cette forme moderne de racisme géographique qui explique les guerres aujourd'hui, et non pas le racisme à l'ancienne, basé sur la couleur de peau ou le patrimoine culturel.
Plusieurs philosophes ont caractérisé, à leur manière, ce racisme qui motive les guerres et la politique aujourd'hui. Jacques Rancière l'appelle "le racisme froid", et Alain Badiou l'appelle de manière interchangeable "le racisme d'état" ou "le racisme intellectuel".
Il est important de comprendre les buts et les moyens du racisme froid, ou racisme intellectuel, si l'on veut échapper à son emprise et ne pas se laisser embrigader dans la grande mobilisation générale, la militarisation des identités qui sème la misère et les catastrophes aujourd'hui.
Sauver l'identité, forme visible, et par conséquent la seule que l'on peut aimer dans la pratique, de ce qui est le plus sacré en chacun de nous, est notre tâche aujourd'hui.
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